L'articulation chez les ados.
Possible ou impossible ? Le débat est ouvert.
Et les parents, de répondre, selon l'humeur ou le moment : "Comment ?", "Pardon ?", "Hein ?", "Le quoi ?", "Tu peux répéter le dernier mot ?", "J'ai pas compris", "Mais ar-ti-cu-le !!!", "... (rien) ..." (résigné, pas compris, tant pis ...), ...
Quelle est cette propension qu'ont les personnes entre 12 ans 1/2 et 20 ans à économiser leurs muscles faciaux (peur d'être body-buildé du visage ?), à économiser le nombre de mots utilisés (peur d'une taxe sur les mots ?), à économiser le souffle de leur voix (peur des cyclones ?), tout en étant capable d'expirer bien fort quand ils se sentent contrariés par une injonction estimée inéquitable ou abusive de la part de leurs éducateurs et de s'affranchir de cette tendance scrupuleuse à l'économie lorsqu'il s'agit de l'argent des-dits éducateurs.
Il y a pire : ils se comprennent entre eux ! Entre amis, entre ennemis, entre frères et soeurs, ils se décryptent. Comme quand ils avaient 2 ou 3 ans. Ils communiquent sous l'oeil perplexe de leur père et sous l'oeil merplexe de leur mère. Ils traduisent parfois aussi. Car quand l'ado devient traducteur d'un des siens, il s'applique à parler comme nous. Un peu comme s'il consentait à entrer en contact avec le camp adverse pour la cause commune. Médiateur temporaire. A charge de revanche pour l'ami qu'il a aidé.
L'interlocuteur âgé de plus de 20 ans, s'il n'a pas la chance de bénéficier d'un interprète spontané, va employer plusieurs techniques.
1. La technique des mots-clés. Il saisit quelques mots dans la phrase et extrapole sur sa signification. Parfois, ça marche.
Exemples où ça marche :
- "sous", "boulangerie", "goûter"
- "faim", "mange", "quoi", "?" (l'inflexion en fin de phrase peut aussi aider)
- "saoule", "fatigué"
Exemples où ça ne marche pas :
- "maman", "Pierre", "demain"
- "collège", "vélo", "castor"
- "clé", "casserole", "vider"
2. La technique visuelle.
S'en tenir au visage de l'ado. Eviter d'observer les mains, elles sont souvent dans les poches. Ah ah, je vous vois venir : vous pensez qu'en cousant les poches ça réglera le problème ? Que nenni, il croisera les bras ou mettra ses doigts dans le nez (non, on ne coud pas les narines des ados, ce n'est pas bien).
Donc, regarder son visage peut aider à comprendre son ressenti. Ce sera assez limité : content, pas content, fatigué.
Mais ça peut aider à vous motiver pour employer la technique numéro 1.
(pour être tout à fait clair, rien ne vous oblige à persévérer dans votre démarche de décryptage si l'expression du visage est : "pas content").
3. La technique free-style.
Vous comprenez ce qui vous arrange.
Si vous avez vu juste, tout le monde est content, la magie a opéré, cherchez pas à comprendre.
Sinon, il vous le fera savoir ou utilisera les services d'un interprète.
Bon, voilà.
...
...
...
Dire que j'étais pareil.